LA PHOTOGRAPHIE ET MOI

INSPIRATION DE LA COLLECTION AUTOCHROME CHRISTINA BEVAN

Ces images captivantes, prises en 1913, n’ont rien à voir avec les photos de mariage, cependant le texte ci-dessous vous en apprend un peu plus sur moi, mon amour pour la photographie et ce qui m’inspire.

Lorsque j'ai vu pour la première fois ces images autochromes de 1913, je fus époustouflé; immédiatement fasciné par leur âge, leur contenu et le personnage qu’elles mettent en avant. Depuis, je me suis intéressé à cette collection, voulant explorer chaque couleur, texture et détail préservés durant 109 années.

Pour moi, il y a peu d'exemples exprimant autant le pouvoir que détient la photographie. Ces images donnent une impression mélancolique, innocente et réelle. Leur résistance au temps me fascine.

LA PHOTOGRAPHIE, NOUS ET LE TEMPS

Il n'y a aucune déclaration profonde, prétention ou geste contenu dans ces images; juste de l'honnêteté et de la simplicité, et c'est peut-être le but. Le spectateur peut voyager dans le temps et apercevoir les fleurs, le ciel et la jeunesse de l'été 1913 - tout comme le sujet, Christina Bevan, 16 ans, l'a fait autrefois. Les images, prises par Mervyn O'Gorman, nous amènent à opposer la nature éphémère de toute cette beauté à la permanence de la plage intemporelle et accidentée avec ses anciennes reliques de pierre et de roche; de falaise et de mer. Et inévitablement nous sommes amenés à réfléchir sur notre propre mortalité.

Ce qui m'émeut, c'est que ces images exposent non seulement la nature fragile de la beauté mortelle, mais la fragilité du temps lui-même. Le temps, notre temps, est, comme nous, fragile, précieux et éphémère. Le temps est difficile à appréhender sans le genre de perspective offerte par ces images. Ces photographies défont les 109 ans entre nous et leur création comme si elles n'étaient tout simplement pas là ; comme s'ils n'étaient rien.

Ces fragments du passé de quelqu'un sont tout ce qui reste de cette journée sur la plage en 1913 – car aucun souvenir vivant ou autre témoignage n'existe. Christina Bevan est décédée 68 ans plus tard, en 1982, à l'âge de 84 ans. Mais comme ces cieux, ces fleurs et cette jeunesse sont précieux ; et comme nous sommes privilégiés de pouvoir nous dérober, d'être là à caresser les galets de la plage ce jour-là comme elle l'était ; pour profiter de ces moments comme si nous étions avec elle.

Images © Royal Photographic Society Collection